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L A V I G E R I E . be
Nuntiuncula 646 - Sep.-Oct. 2007

Une société à irresponsabilité illimitée

(Expression de Jean d’Ormesson dans Le Figaro, 8 juillet 2006)
dimanche 4 novembre 2007 par J.V.

Le bien commun. L’intérêt public.

En ces temps confus où les cornacs de 4 X 4 bousculent les défenseurs de l’environnement et où les boursicoteurs jouent à la roulette russe avec les dettes des pauvres, ces expressions ont l’air aussi démodées qu’une draisine ou un livret d’épargne Ecureuil.

Et pourtant, plus que jamais, l’actualité nous rappelle le sens de la responsabilité commune. Les turbulences boursières provoquées cet été par l’inconscience de spéculateurs et de banquiers américains, la cascade de catastrophes climatiques, de la Grèce en flammes à la Bulgarie inondée, devraient sonner le tocsin. "Agissez, c’est votre avenir à tous qui est en jeu !", s’exclamait récemment Al Gore, devant un public de jeunes.

La crise environnementale illustre de manière emblématique l’urgence de réintroduire la notion du "bien commun" dans le discours politique et la nécessité de penser en termes globaux la solidarité.

Si beaucoup de privilégiés rêvent encore d’un miracle technologique qui permettrait de "changer juste un peu pour que tout reste pareil" , la plupart des scientifiques, du moins ceux qui ne sont pas payés par des lobbies industriels, sont sans illusions : notre mode de production et notre obsession de consommation conduisent la planète et l’humanité dans une impasse.

Des centaines de millions de personnes subissent déjà les effets de ces comportements irresponsables : les naufragés du "miracle économique" chinois, étouffés par la pollution et contaminés par les produits toxiques ; les paysans et les derniers Indiens du Brésil, déplacés par l’avancée irrémédiable des cultures de soja, destinées à engraisser le bétail européen ou à fabriquer des biocarburants ; les réfugiés africains, victimes de conflits armés qui trouvent en partie leur origine dans l’épuisement des terres ou le pillage des ressources minières.

Ces "faits divers" se passent loin de chez nous, mais ils nous concernent et nous touchent. Les barrières qui s’érigent le long de la frontière américano-mexicaine ou sur les rives de la Méditerranée, et les enceintes dorées derrière lesquelles s’abritent des communautés cossues offrent une protection illusoire. Certains s’imaginent qu’ils ont une place réservée dans une Arche de Noé, alors qu’ils sont, comme nous tous, condamnés à dériver sur un Radeau de la Méduse. La globalisation télescope et fracasse les frontières les mieux gardées.

Le bien commun est souvent invoqué comme une aspiration morale, mais il est tout autant le choix de la raison. La poursuite débridée du "modèle" actuel débouchera inévitablement sur une société plus inégalitaire, plus violente, plus autoritaire, où il ne fera pas bon vivre. Elle nous conduira irrémédiablement à cet "affaissement collectif et à cette dépersonnalisation de l’individu", que dénonçait le philosophe Emmanuel Mounier lors de la grande crise des années 1930.

Il ne fut pas entendu. Et le monde fonça comme un train fou vers l’apocalypse...

            Anne-Marie Impe & Jean-Paul Marthoz
Article repris du n° 17 d’E…x Internationaux, [1]
avec l’aimable autorisation de l’éditrice responsable, Anne-Marie Impe,
que nous avons tous connue comme rédactrice en chef de Vivant Univers.

[1Pourquoi cette appellation bizarre ? voir article


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