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L A V I G E R I E . be

La Croix, accomplissement de l’Incarnation.

D’après Moingt, « Croire au Dieu qui vient »
vendredi 2 février 2018 par Webmaster

Sous les couleurs du Royaume, la mission de Jésus était d’annoncer la nouveauté du Dieu qui se révélait en lui, qui venait habiter parmi les hommes, un Dieu d’amour, qu’on ne rejoignait que par l’amour, l’intériorité et l’humilité, dans la simplicité de la vie de chaque jour pourvu qu’elle soit vouée au service du prochain. La vraie annonce du Royaume par Jésus, c’est sa prédication de l’Évangile, à telle enseigne qu’il le voyait déjà présent dans les fruits que portait sa parole et qu’il dissuadait ses auditeurs d’en épier des signes plus grandioses.

Ce n’en était pas moins une vraie révolution qu’il préparait et qui allait éclater dans le champ des religions : Dieu, son Père, se détachait des liens claniques, des traditions patriarcales, des servitudes politiques, des temples et des rituels, de tous les artifices par lesquels des hommes de religion et de pouvoir tentaient de le manipuler et de l’enfermer dans la reconduction d’un passé rassurant ; il ne voulait qu’être aimé, du dedans du cœur, aimé dans les autres, comme un père, Père de tous les hommes, y compris des plus petits, et même de ceux qui étaient considérés comme des pécheurs, ou des païens, sans aucune exclusive, sans autre condition que le pardon mutuel des offenses.

C’est bien ce Dieu-là qu’annonçait Jésus, le Royaume attendu venait dans l’annonce de ce Dieu inattendu, et ce malentendu inévitable fut la cause du procès et de la mort de Jésus. Voilà pourquoi l’ultime témoignage qu’il devait rendre à son Père, à la mission reçue de Dieu, allait être celui de sa mort sur la croix.

De toute façon Jésus devait passer par la mort et se dépouiller de son identité terrestre pour entrer dans l’éternité de Dieu et y revêtir son identité de Fils de Dieu à laquelle l’appelait le Verbe présent en lui. Mais sa mission d’annoncer la nouveauté du Dieu qui I’avait consacré pour être son représentant, une nouveauté qui consistait dans le dépouillement (la kénose) de sa dignité de Père tout-puissant et de Roi d’Israël que Dieu avait effectivement déposée en venant habiter en Jésus pour être désormais reconnu en lui comme le Père de cet homme, une telle mission imposait à Jésus de représenter son Père dans un semblable dépouillement de tous les honneurs auxquels pouvait prétendre le Messie davidique. Isaïe avait peut-être pressenti, dans les chants du Serviteur de Yahvé, cet ultime abaissement de Dieu dans son ultime envoyé, que Jésus avait très tôt accepté, d’après Paul (Ph 2,6), comme en font foi les Béatitudes promises dès le début de sa Mission à ceux qui subiraient des persécutions à cause du Royaume et de lui (Mt 5,10-11), les persécutions qu’il promettait en guise de récompense à ceux qu’il appelait à le suivre en qualité de disciples (Mt 10,16-24), et l’annonce qu’il fit un peu plus tard de celles qui l’attendaient (Mt 16,21).

La modestie des images auxquelles il comparait le Royaume à venir (Mt 13,31-34) indique qu’il n’en escomptait pas de grandes gloires pour lui-même, hormis la joie d’y accueillir ceux qui se feraient petits à son exemple (Mt 18,1-5). Il comprit au cours de son agonie que cela ne se ferait pas dans la continuité et la visibilité de sa mission terrestre, mais dans le dépouillement même de son identité et de son existence messianiques ; il s’y résigna et accepta de mourir dans la dérision et le déni de tout ce qu’il avait prétendu être et qu’il prétendait encore être devant les prêtres qui l’accusaient de blasphème et jusque dans la mort ignominieuse qui lui était infligée pour ce motif.

C’est ainsi qu’il rendit à Dieu l’ultime et décisif témoignage d’amour et d’humilité que Dieu attendait de son Envoyé pour être reconnu en lui comme le Dieu aimant et humble, Père universel de tous les hommes, avant tout des plus petits abandonnés par ceux qui devraient les secourir. Ainsi Jésus inaugura-t-il le renversement de toutes choses, que devait être l’instauration du Royaume de Dieu, dans l’intimité de son amour et dans le cœur de ceux qui lui feraient confiance, mais dans l’invisible de l’histoire.

Ainsi s’acheva l’incarnation, quand Jésus, répondant à I’appel intérieur du Verbe, reconnut pour Père le Dieu qui I’abandonnait à la mort et à qui il rendit le souffle de vie, reçu de lui dès sa conception, porté vers le Père par l’Esprit Saint qui exhalait par la bouche de Jésus les gémissements de toutes les créatures qui se sentent abandonnées de Dieu. Dans le grand cri poussé par Jésus, le Père entendait la voix du Fils éternel identifié à cet homme mourant, en qui il reconnaissait l’être-autrement du Fils qui est son être-autre, de telle sorte que le cri d’agonie s’achevait en cri de naissance : Jésus devenait Dieu, le Fils éternel de Dieu qu’il était depuis sa conception en tant que Premier-né de la création nouvelle des enfants de Dieu, le Principe que Dieu avait conçu de toute éternité dans sa pensée comme Premier-né des créatures prédestinées à renaître pour la vie éternelle de l’Esprit Saint que sa mort répandrait de lui en elles.


CROIRE AU DIEU QUI VIENT
I. De la croyance à la foi critique.
  Joseph Moingt
  Essai, NRF-Gallimard, 2014, 612 pages, 29 €.
ISBN : 9782070146529

L’ambition de ce livre : entreprendre une démarche de véracité et de liberté dans la recherche du sens de la foi.
Il s’attachera dans ce but à déchiffrer le mystère qui tend à s’exprimer sous le mythe de la préexistence du Christ, idée qui est à la base de l’articulation dans le dogme des concepts de trinité, incarnation et rédemption : il s’agit en fait de la révélation de l’humanité de Dieu, comprise comme l’amour par lequel il entre en communication avec les hommes pour les libérer de leur finitude, du repli égoïste et mortifère de chacun sur soi qui les empêche de parvenir à l’unité entre eux et avec l’univers.


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