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Les Pères Blancs en Tunisie
Alors qu’elle venait de retrouver une réelle stabilité politique après les tensions et remous qui suivirent le « Printemps arabe », la Tunisie fut, en mars 2015, la cible d’un très grave attentat terroriste qui fit de nombreuses victimes et suscita, tant en Europe qu’au Maghreb, une profonde émotion.
A ce drame, nous, Pères Blancs, avons été d’autant plus attentifs que depuis l’époque du cardinal Lavigerie, nous avons des liens étroits avec la Tunisie. Beaucoup d’entre nous, dans ma génération y ont fait leurs études de théologie et ont célébré leur première messe dans la basilique de Carthage.
Au temps du Protectorat, les Père Blancs ont apporté leur contribution à la vie de l’Eglise dans ce pays, et quand il accéda à l’indépendance, en 1956, plusieurs de nos communautés restèrent à Tunis et en d’autres villes du pays.
Beaucoup d’Européens quittèrent alors la Tunisie et, de ce fait, la population chrétienne – française, italienne et maltaise – y devint de moins en moins nombreuses. Des négociations s’engagèrent alors entre le Saint-Siège et le gouvernement tunisien et en 1964, elles aboutirent à un accord, aux termes duquel un grand nombre d’églises devaient être fermées mais qui assurait aux catholiques la liberté du culte, et leur permettait de conserver quelques églises, parmi lesquelles la cathédrale de Tunisie, située au cœur de la capitale.
Dans les années qui suivirent, alors que des coopérants étrangers, puis des étudiants africains et de nombreux touristes venaient en Tunisie, l’accord conclu entre le Saint Siège et le gouvernement tunisien fut appliqué de façon satisfaisante et des relations apaisées s’établirent entre les représentants de l’Eglise et les autorités tunisiennes.
C’est dans ce contexte qu’avec d’autres prêtres venus de plusieurs régions du monde, les Pères Blancs continuèrent à exercer leur ministère en Tunisie, auprès des chrétiens dans les paroisses et aussi dans les activités culturelles, sociales et religieuses avec des amis musulmans.
Il faut, à ce propos, souligner le travail remarquable accompli par les Pères Blancs de l’Institut des Belles Lettres Arabes ( IBLA ) dont la bibliothèque [1] et la revue sont très appréciées dans les milieux universitaires non seulement en Tunisie mais bien au-delà, dans les pays arabes et dans le monde musulman.
Ainsi, sous des formes très diverses, les Pères Blancs de Tunisie ont apporté et continuent à apporter leur contribution à la rencontre et au dialogue avec ceux qui ne partagent pas notre foi chrétienne.
Pater Michel Lelong in Voix d’Afrique nr. 107 Juni 2015 |
[1] L’Ibla contient 30 000 ouvrages et 600 périodiques. Un des plus riches fonds de la capitale, en arabe et en français (en italien, en anglais, en allemand et en espagnol aussi) sur la Tunisie, le Maghreb et le Machrek.
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