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Es Salaam aleikum = La Paix soit avec vous
Au cours d’un long périple à bicyclette pendant ma jeunesse, j’ai visité Trèves en Allemagne. J’ai découvert que les gens y étaient très sympathiques. Au lieu de me dire « Bonjour » ou Bonsoir » ils me saluaient poliment d’un « Grüss God ».
Dans le monde arabe il est de coutume dans les rencontres occasionnelles de se saluer d’un « Es Salaam aleikum » et de répondre par « Aleikum Salaam », ce qui veut dire : « La Paix soit avec vous » et « Et avec vous la paix ».
Dans notre liturgie chrétienne nous nous souhaitons mutuellement la paix par la formule : « Le Seigneur soit avec vous » et nous nous serons aussi la main en disant : « La paix soit avec toi ».
Dans un passage clé de l’Evangile, Jésus, juste avant de remonter au ciel, nous imprime dans le cœur « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, je vous la donne mais non pas comme le monde la donne » (Jn 14, 27). On comprend mieux cette phrase quand on la met en relation avec ce que nous lisons en Jn 13, 34 : « Je vous donne une loi nouvelle : Aimez les autres comme je vous ai aimés ! » Ce sont les lois de base pour la construction d’une communauté équilibrée. Ce sont les fondements de la justice et de la paix. Je dirais même plus importants que la Proclamation des Droits de l’Homme.
Curieusement me vient à l’esprit le slogan du Forum social mondial qui se tient tous les deux ans : « Un autre monde est possible » et nous y travaillons depuis dix ans.
Vous pouvez considérer tout ceci comme une utopie mais les mots de Jésus sont cependant interpellants ainsi que le slogan du Forum Mondial.
Il y a quelques jours j’étais au bord de la mer dans les environs de Monastir, en Tunisie, d’où des ‘’casse-cou’’ essaient de traverser la mer de nuit sur de petits bateaux pour commencer une nouvelle vie de l’autre côté. J’étais là avec une trentaine de mères tunisiennes en pleurs. Leurs maris ou enfants se sont noyés, peut-être retrouvés morts sur une plage et enterrés anonymement à Lampedusa. On a pu voir, à la télévision, comment ils arrivent de l’autre côté, d’une manière horriblement dissuasive.
Une semaine plus tôt, j’étais dans un même genre d’endroit sur la côte du Maroc près de Ceuta et Melila. Des clôtures de plusieurs mètres de haut doivent empêcher les ‘’aventuriers’’ d’entrer dans l’enclave espagnole pour échapper à la pauvreté ou au manque de démocratie dans leur pays d’origine. Ici aussi c’est un drame quotidien !
Et pourtant le phénomène se répète chaque jour : de jeunes hommes mettent leur vie en danger pour construire un autre monde ailleurs.
Dans de longs et nombreux entretiens avec ces ‘’idéalistes’’ j’ai pu sentir combien était grand le désir d’un autre monde, combien grande la douleur, la souffrance, le sacrifice et le courage de ces personnes pour chercher quelque part un monde différent. Ce n’est pas facile de parler de paix, de respect et d’amour des autres quand vous vivez dans un ‘’état misérable’’.
Au cours de sérieux troubles en Kabylie qui se sont déclenchés après que la police ait abattu « accidentellement » un jeune étudiant, les gens sont descendus dans la rue en hurlant ‘’ ouleche semah’’, ce qui veut dire ‘’ pas de pardon’’. Cela a eu comme résultat que la police a du se retirer de la région pendant plus de dix ans et que le gouvernement a du présenter ses excuses.
Chaque mercredi, depuis dix ans, un groupe de « mères courageuses » se tient en face du Ministère de l’Intérieur avec des banderoles et des photos avec la question « Où sont nos enfants, nos époux, disparus pendant la guerre civile des années 90. Pas de pardon sans enquête, justice et réparation » exigent-elles à juste titre.
Les images de Syrie et d’Ukraine qui envahissent nos demeures via la Télé ou Internet, nous découragent ou nous immunisent contre toute sympathie. Comment faire pour prendre au sérieux la parole de l’Evangile : « Aimez-vous les uns les autres » tandis que résonnent aussi profondément ces mots : « Je vous donne la paix, non pas comme le monde vous la donne. » Elles forment un défi aussi bien que le slogan : « Un autre monde est possible. »
Quand je regarde la vie de Nelson Mandela, celle du Père Jan van der Lugt, ce jésuite récemment assassiné, et souvent l’engagement des ‘’casques bleus des Nations Unies’’, alors j’ai la certitude que cet autre monde est possible et que nous devons tous nous y engager si nous voulons être et rester des chrétiens dignes de foi.
Alger le 24 avril 2014
Frère Jan Heuft, pb. |
Jan Heuft
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