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L A V I G E R I E . be
Afrique du Nord

Le dialogue de vie pour le témoignage de l’Évangile

RELAIS P.B. MAGHREB N°18 – Fév. 2013
mardi 5 février 2013 par Webmaster
[marron]L’Église catholique, fidèle à l’enseignement du Concile Vatican II, regarde les musulmans avec estime, eux qui rendent un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne, qui vénèrent Jésus comme prophète sans reconnaître toutefois sa divinité, et qui honorent Marie, sa mère virginale. Nous savons que la rencontre de l’islam et du christianisme a souvent pris la forme de la controverse doctrinale. Malheureusement, ces différences doctrinales ont servi de prétexte aux uns et aux autres pour justifier, au nom de la religion, des pratiques d’intolérance, de discrimination, de marginalisation et même de persécution.[/marron]
[mauve fonce]Ecclesia in medio oriente n° 23[/mauve fonce]
  [marron]Intervention au Synode sur la nouvelle Évangélisation[/marron]

[mauve fonce]Mgr Paul Desfarges s.j.[/mauve fonce]

Évêque de Constantine et Hippone
Algérie

Chers frères évêques, frères et sœurs en Christ, je suis le représentant des évêques du Nord de l’Afrique, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye.

La situation limite de nos Églises du Maghreb, très minoritaires, étrangères pour une très large majorité de ses membres, Églises dans et pour des peuples musulmans, nous recentre sur l’essentiel : le dialogue de vie.

Nous aimons voir [bleu] dans la scène de la Visitation le paradigme de la mission .[/bleu] Comme Marie, l’Église porte Celui qui la porte. Là où elle va, elle est précédée par l’Esprit qui est toujours le maître d’œuvre de la rencontre. La mission n’est en rien une conquête. Nous sommes appelés sans cesse à un discernement exigeant pour demeurer serviteurs de l’œuvre de l’Esprit Saint.

[bleu] Nos Églises se font servantes du Royaume de Dieu [/bleu]. Celui-ci dépasse largement les frontières de l’Église qui sont celles de la Charité. Loin d’être une entreprise qui cherche à s’étendre, l’Église est témoin et servante de ce que Dieu fait dans l’humanité. Le témoin est d’abord celui qui reconnaît chez l’autre le travail de l’Esprit.

L’Église se fait ainsi écoute et contemplation des mirabilia Dei. [bleu] L’Esprit lui donne de s’émerveiller de la foi de l’autre et des fruits qu’elle produit dans sa vie [/bleu]. La foi catholique assume tout ce qui est beau et vrai. Au Maghreb, l’Église vit beaucoup de l’expérience tellement bouleversante du Bienheureux Charles de Foucauld, qui a été remis sur le chemin de Dieu par la rencontre de priants musulmans.

Pour nous, [bleu] il n’y a pas de dialogue interreligieux sans dialogue de vie, et le dialogue de vie rejoint le dialogue de Dieu avec l’humanité. Ce dialogue de vie témoigne du salut à l’oeuvre ; il est médiation, ou sacrement, du salut de Dieu. [/bleu] Comme Dieu entre en dialogue pour s’offrir à la rencontre avec sa créature, ainsi l’Église s’offre à la rencontre. « Qui vous accueille m’accueille et accueille Celui qui m’a envoyé. »

Dans et par le dialogue de la vie, une bonne nouvelle est déjà annoncée. Dans un sourire, une poignée de main, le partage d’une tasse de café ou de thé, nous nous disons l’un à l’autre : je suis heureux de ta vie. Car l’Église ne porte pas seulement une Bonne Nouvelle sur Dieu, mais aussi une Bonne nouvelle sur l’homme. Ces rencontres sont la première évangélisation, car elles disent la Bonne Nouvelle de la fraternité universelle. Combien de musulmans ont été marqués par la rencontre d’un prêtre, d’une religieuse et aujourd’hui parfois par la rencontre d’un(e) collègue étudiant(e) subsaharien(ne), d’un cadre d’entreprise, ou d’un compagnon de travail, philippin, coréen ou autre, sur un chantier. De même, nombre de nos fidèles (expatriés, travailleurs des chantiers internationaux, étudiants subsahariens, migrants,…), une fois dépassées les aspérités, parfois rudes, des premiers temps de la rencontre avec des musulmans, font une expérience de renouvellement de leur vie de foi.

Ainsi le dialogue interreligieux, nous le vivons d’abord comme une rencontre d’humanité [1], une rencontre humaine entre croyants : nous sommes assis, les uns et les autres, à une même table. Notre témoignage prend la forme du Lavement des Pieds. A l’intérieur de ce dialogue de vie, prennent place toute les autres formes de dialogue : dialogue spirituel, dialogue théologique, dialogue dans la collaboration à des tâches communes.

[bleu] Nous ne pouvons taire cependant que le dialogue islamo-chrétien est aujourd’hui à l’épreuve [/bleu]. Il l’est à cause des courants fondamentalistes, et nous n’insistons pas sur ce point. Mais il nous faut évoquer aussi [bleu] un autre lieu, à la fois de joie et de souffrance [/bleu]. Dans certains de nos pays, grâce nous est donnée d’accueillir quelques fidèles qui viennent de familles musulmanes. Ils étaient en général en questionnement intérieur depuis longtemps. Dans leur propre famille ces nouveaux disciples sont parfois rejetés ou obligés à une très grande discrétion. Avec le temps, ils découvrent cependant que leur histoire spirituelle avec Dieu a commencé avant leur conversion et que l’Esprit les a guidés à travers telle ou telle personne musulmane de leur entourage qui incarnait des valeurs spirituelles et humaines. Ces disciples nous rappellent que le dialogue de vie est au cœur du témoignage de l’Évangile.

Comment ne pas souligner enfin [bleu] l’inévitable passage par la Croix [/bleu]. La Croix se dresse quand l’Apôtre est refusé au moment où il aime le plus. Rencontrer la Croix fait partie du chemin de l’Apôtre. Le disciple n’est pas au-dessus du Maître.

+Paul Desfarges
Évêque de Constantine et Hippone
 

[1C’est à cause de Jésus que le chrétien est sensible à la dignité de la personne humaine et à la liberté religieuse qui en découle. C’est par amour pour Dieu et pour l’humanité, glorifiant ainsi la double nature du Christ et par goût de la vie éternelle, que les chrétiens ont construit des écoles, des hôpitaux et des institutions de toutes sortes où tous sont reçus sans discrimination aucune (cf. Mt 25, 31ss.).
C’est pour ces raisons que les chrétiens portent une attention particulière aux droits fondamentaux de la personne humaine. Affirmer pour autant que ces droits ne sont que des droits chrétiens de l’homme, n’est pas juste. Ils sont simplement des droits exigés par la dignité de toute personne humaine et de tout citoyen quels que soient ses origines, ses convictions religieuses et ses choix politiques.

[mauve fonce]Ecclesia in medio oriente n° 25[/mauve fonce]

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