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Cardinal Newman.
RWANDA : LES PROCES GACACA VUS A PARTIR DE LA TANZANIE
Notre confrère Jaak Broekx est revenu en Belgique vers la fin de 2007. Après avoir travaillé au Rwanda pendant 31 ans, il avait suivi les réfugiés rwandais dans les camps tanzaniens pour réfugiés rwandais et burundais. Il y resta 13 ans. Témoin extrêmement méticuleux, il a consigné dans ses cahiers des milliers de témoignages.Au sujet des procès gacaca, il a lui-même sélectionné et ordonné un certain nombre d’exemples, où nous nous permettons de faire à notre tour un choix plus restreint.
La Tanzanie n’accepte plus de réfugiés rwandais sur son territoire depuis 2003, mais personne ne peut empêcher des gens qui essaient de sauver leur peau de passer la frontière clandestinement. C’est ainsi que le seul camp de Lukore vit passer 5.500 Rwandais entre 01/01/2004 et 30/04/2007. Durant le seul mois de janvier 2007, des membres de 152 familles y arrivèrent, parfois l’homme seul, parfois des familles entières. En Uganda, les réfugiés rwandais continuent à être accueillis jusqu’ aujourd’hui. Beaucoup parmi eux transitent d’ abord par les camps de la Tanzanie. Dans le Sud de l’ Uganda - près de la frontière avec le Rwanda et la Tanzanie - sont installés quatre camps de réfugiés de différents pays. Dans une partie récente du camp de Nyakivale - appelée Kibati – on dénombrait au début du mois de Juin 2007, 28.000 réfugiés rwandais. Tous les réfugiés dans ces camps reçoivent du gouvernement ougandais 1/2 ha à cultiver en dehors du camp (les réfugiés qui sont rentrés récemment au Rwanda en provenance de l’Uganda ont été chassés par les autorités parce qu’ils faisaient paître leurs vaches sans permission dans ces endroits réservés aux champs des réfugiés). Un grand nombre d’autres réfugiés se sont installés ailleurs parmi la population locale, sans avoir été inscrits comme réfugiés. En ce qui concerne le Burundi, en 2006, plus de 15.000 réfugiés s’y étaient réfugiés, bien que la chance d’y être reconnus comme réfugié soit quasi nulle. Ils s’installent parmi la population et espèrent…
La raison principale pour laquelle ces réfugiés quittent leur pays ces dernières années semble être les procès gacaca. Notons que le rapport officiel du Service National des Procès Gacaca, paru le 29/05/2007 signalait que 818.564 personnes étaient soupçonnées d’avoir participé au génocide de 1994, dont 12.000 à peine avaient déjà été jugés… Fin 2007, plus de 800.000 personnes avaient été jugées par le gacaca, mais le nombre de suspects atteignait un million, c’est-à-dire un dixième de la population, bébés inclus. La moitié des familles rwandaises était ainsi touchée.
Le père Broekx signale encore que depuis son départ de la Tanzanie, les départs en exil augmentent continuellement : jamais, depuis 2000, tant de personnes se sont enfuies du Rwanda qu’actuellement (c.à.d. entre janvier et mai 2008). Beaucoup transitent d’abord par le Burundi.